conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme
Ce matin, à l’heure du bain, quelque chose d’effroyable vient d’arriver : ma fille Bichounette, 4 ans et demi, arbore de gros boutons rouges suspects sur le ventre, le cou, le dos et les cuisses.
En bon papa que je suis, je glisse à ma fille : « Assieds-toi dans la baignoire pour ne pas tomber… Je reviens dans deux minutes ! » Je me rue hors de la salle de bain comme un épouvantail à qui l’on viendrait de montrer une allumette, je plonge dans les jupons de ma femme, et la secouant vivement comme un prunier qui ne voudrait pas laisser tomber les fruits de sa connaissance, je lui fais :
— Bichounette mange trop gras ! Je te l’avais dit ! On a fait trop d’excès pendant les fêtes : à manger comme des porcs du matin au soir, il fallait bien qu’on paie. Bichounette est pleine de boutons !
— Des boutons ? Quels boutons ?
— Des gros boutons rouges, comme des petites plaques bizarres…
— QUOI ?
— CHUUUUUUUT ! je hurle en lui faisant les gros yeux. Tu ne te rends pas compte : je ne lui ai pas encore dit, elle n’a rien vu…
Ma femme est assez stressée. Je la sens très inquiète et elle me bouscule sauvagement comme une lionne qui ressent le besoin d’aller protéger sa progéniture.
— C’est pas plutôt la varicelle ? me lance-t-elle par dessus l’épaule.
Ah. Tiens ! Je n’y avais pas pensé.
— Il y a eu des cas de varicelle, à l’école, avant Noël… continue-t-elle.
— Bichounette ? fait-elle en entrant dans la salle de bain.
Je l’attrape par la manche et lui chuchote :
— L’air de rien ! Surtout : observe l’air de rien !
Bichounette nous regarde avec des grands yeux :
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Pour les bobards de dernière minute, je ne peux jamais compter sur ma femme. C’est à moi de trouver quelque chose :
— Je disais à maman qu’il faudra peut-être couper ta frange, je réponds. Fais voir, un peu, la longueur de tes cheveux… Tu y vois clair, là ?
Pendant que Bichounette et moi observons la longueur de la fameuse frange qui lui arrive sur les cils, maman Protector — celle qui les protège à mort — effectue un scanner complet de l’intégralité du corps de notre grande fille.
— C’est bien ce que je pensais ! lâche-t-elle.
Elle n’est pas infirmière pour rien, ma femme. Elle a l’œil !
Une montée d’angoisse s’empare de moi : la reprise du boulot lundi, la gestion d’une Bichounette hystérique à la moindre éraflure face à sa première grande maladie infantile, la menace suprême de la répétition du même scénario sur sa petite sœur dans une quinzaine de jours, ma femme qui va repartir travailler la nuit, moi tout seul pour gérer l’abominable situation d’un homme dans le rôle d’une maman…
— On n’est pas dans la m… je fais, catastrophé.
Douze jours de congés payés posés, et la promesse d’un surmenage d’ici deux semaines. Eh bien bravo… Qu’est-ce que j’adore Noël…
Je me suis rué sur le téléphone et j’ai appelé le répertoire intégral pour diffuser l’info dans tout le pays.
Faut qu’on me plaigne, bon sang. Qu’est-ce que je me sens seul, en 2009 !