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conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme

Le raisin qui rend fou

 

Quand mon voisin a décidé de vendre sa maison, je me suis dit ah chic, on va pouvoir l’acheter, et puis on a regardé le prix, et on a dit ah zut, on ne va pas pouvoir l’acheter.

On est resté dans notre petite maison jumelée, juste à côté, avec vue directe sur son beau et grand jardin, et on a attendu qu’il la vende.

 

Huit mois.

 

Un beau jour, il a ouvert tout grand sa maison, il a fait de gros cartons à se demander ce qu’il y mettait dedans, et j’ai d’ailleurs bien cru que c’était sa femme, mais non, sa femme, ça faisait déjà un moment qu’on ne la voyait plus et il avait déjà déménagé le congélateur depuis longtemps. C’est à la mode, les congélateurs. Il paraît que les gendarmes viennent rarement chercher les corps des gens disparus là où tu stockes de la bouffe.

— Non, non, elle n’est pas morte ! m’avait rassuré ma femme. Je l’ai croisée en voiture la semaine dernière !

 

Elle devait faire de la dépression ou quelque chose comme ça, le genre de truc terrible qui fait que même ta maison tout en couleur avec des beaux rideaux tout lumineux, tu la trouves bien triste et bien noire, et si tu ne quittes pas les lieux au plus vite, tu finis même par t’y pendre.

 

Le monsieur a donc déménagé tout seul. Comme un grand. Pour éviter toute pendaison au rouleau de scotch. Dopé aux produits anesthésiques, sans doute ! Car ce monsieur est un anesthésiste, et même qu’on a toujours fait des efforts pour être de bons et gentils voisins avec lui, parce que c’est lui qui va doser la rachianesthésie de ma femme pour la césarienne programmée de Noël.

 

 

 

La maison est restée vide environ un mois, et puis le grand monsieur est venu frapper à notre porte, toc, toc, deux fois, comme ça, et même que ma femme se demandait si ce n’était pas plutôt un bruit dehors, comme un pivert qui s’exerce le bec avant l’arrivée de l’automne.

 

Je suis allé voir, et là, le monsieur sans blouse blanche, habillé pur l’occasion tout en noir, gentil comme tout, nous a refilé un plant de vigne, « celui qu’il nous a promis » il a dit, et personnellement, je ne m’en souvenais même pas, mais ma femme m’a fait les gros yeux du genre « ah si, moi, je m’en souviens bien et j’ai bien cru qu’il nous avait oubliés, ce vendeur de faux espoirs ! »

— Voilà le plant que je vous avais promis ! il a dit.

 

Il a tendu son bout de vigne vers moi, et m’a expliqué que c’était un raisin très spécial, un raisin qui était formellement interdit à la vente en France.

J’ai fait un pas en arrière, hésitant à accepter cette étrange offrande. Cannabis ?

— Ce raisin a hérité du surnom de raisin qui rend fou ! Vous n’en trouverez nulle part à acheter !

— Ah ?

— Comment vous expliquer ? C’est un raisin qui contient du méthanol. Vous comprenez ? Comme l’absinthe.

 

J’ai regardé le raisin d’un air un peu inquiété, et j’ai demandé :

— On peut le manger, quand même ?

— Ah, oui ! Pas de risque ! Même en vin, c’est très bon ! C’est interdit en France, mais en Espagne, ils ne font pas autant de chichis !

 

Il me refile le raisin qui fait perdre la raison, me donne des conseils pour bien le planter, et nous salue une dernière fois.

 

Il n’a pas voulu s’arrêter boire un petit apéritif. Il faut dire que l’on n’avait pas de vin de noah à lui proposer.

 

Sympa, ce voisin.

— Il va nous manquer, ce voisin ! fait ma femme.

— On sait ce que l’on avait, on ne sait pas ce que l’on trouvera ! je réponds, fataliste.

 

D’un autre côté, peut-être que plus tard, nos chemins se recroiseront dans les couloirs de l’hôpital des buveurs du raisin qui les a rendu fous …

— Hep, hep, hep ! je crie depuis la porte. Les nouveaux voisins, ils sont sympas ?

 

Placide, il répond :

— Très sympas. Vous verrez. Des gens sans histoire.

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<o:p></o:p> 


Il ne se doutait pas que moi, les gens sans histoire, ça me booste l’inspiration.

<o:p> </o:p>

 

 

 

 

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C
Pas de souci pour moi. Faire une impression d'écran à cause du clic droit désactivé%u2026 ou alors chercher mieux avec Google, ou sur Flick peut-être ;-)
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C
Non, elle est partie avec Yannick.Yannick Noah, ah ah !
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G
_____ J'aimerais beaucoup copier la belle grappe de Noah du haut de la page pour l' insérer dans l'autobiographie de ma jeunesse. En effet, pendant la guerre j'étais à la campagne, en champ les vaches, et j'ai connu et mangé de ce raisin au gout foxé.
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G
________ Mais ça ne parle pas de Noah! Et la dame elle est morte?
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V
On choisit ses copains, mais rarement ses voisins ;)Bon courage pour les supporter !
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