conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme
J’avais douze ans. Cette année-là, mes parents nous avaient offert le Club Méditerranée. Nous avions regardé à la télé un film catastrophe intitulé « 747 en péril » ou un truc comme ça, et le lendemain, nous prenions un Boeing 747 en direction de la Tunisie.<o:p></o:p>
Même pas peur.<o:p></o:p>
Le Boeing avait volé aussi confortablement qu’un car de vacances resté arrêté sur une aire d’autoroute pour une petite pause pipi.<o:p></o:p>
Arrivés à l’aéroport, nous étions accueillis par toute l’équipe des Bronzés. Mêmes tenues, mêmes blagues, mêmes bagages, même ambiance.<o:p></o:p>
Nous avions la case « féérique ». C’est où, les F, nous avions demandé.<o:p></o:p>
Comme dans le film, nous avions cherché toute la nuit.<o:p></o:p>
Comme dans le film, un autre monsieur avait eu moins de chance que nous, et il avait du dormir sur la plage. Jean-Claude Dusse, je crois qu’il s’appelait, ou un nom comme ça.<o:p></o:p>
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Dès le premier jour, il a fallu s’inscrire au mini club, dans le groupe des Sioux, une tribu constituée des dix à douze ans.<o:p></o:p>
Le mini club, c’est un club dans lequel les parents laissent leurs enfants toute la journée afin de pouvoir s’offrir une véritable lune de miel sans eux, et concevoir dans une ambiance au climat torride un petit frère ou une petite sœur à la famille.<o:p></o:p>
Nous, hélas, nous étions déjà trois et ma mère ne voulait pas remettre ça, d’autant plus que comme mon père mangeait beaucoup de lentilles, le bébé aurait sans doute posé problème à la douane, devant les détecteurs de métal, et ma mère ne se voyait pas accoucher d’un petit bébé tunisien un soir de pleine lune et en plein désert, sous la toile cinématographique d’une tente berbère gardée par deux créatures plus sagesmelles, euh, chamelles, que sages femmes.<o:p></o:p>
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Bref. Nous étions inscrits au mini club, et le grand jour est arrivé. Face au grand tableau blanc aux colonnes déjà tracées, il fallait effectuer des choix très difficiles entre le judo, le tir à l’arc, la voile, la plage, le dessin, la poterie, le théâtre, le tennis, la piscine, le ping pong, le patin à roulettes, et j’en oublie certainement au moins une demi centaine dont la définition exacte m’échappait totalement.<o:p></o:p>
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C’est à ce moment-là que tu es apparue à mes yeux.<o:p></o:p>
Sirène blonde aux yeux en amande, à la peau douce et caramel, au sourire ensorcelant et à la voix si tendre.<o:p></o:p>
Immédiatement, du haut de mes douze ans, mon cœur a fait boum boum et ça s’est mis à sonner les douze coups d’un coup.<o:p></o:p>
Dans la case « judo », tu as écrit : « Bérangère ».<o:p></o:p>
Tu m’as relégué le stylo d’un sourire complice, et évidemment, dans la case « judo », j’ai mis : « Charlie ».<o:p></o:p>
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Le lendemain, tu as choisi la poterie, et j’ai fait de la poterie.<o:p></o:p>
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Puis la plage. Puis la piscine. Puis la voile : là, ça a failli me restituer la raison, mais le courage amoureux l’a finalement emporté, et muni d’un gilet de sauvetage gros comme un sac de couchage, je tenais la barre fermement en savourant la beauté de tes longs cheveux dans le vent !<o:p></o:p>
Puis le tennis, le théâtre, le tir à l’arc, la natation synchronisée, le chignon, la couture, le vernis à ongle et la danse du ventre.<o:p></o:p>
Partout, je t’ai suivi, comme un petit toutou. Partout où tu posais tes mains, j’allais renifler.<o:p></o:p>
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Tu devais te douter de quelque chose, parce que tu t’es mis à t’inscrire dans plusieurs colonnes à la fois, pour voir si je faisais de même.<o:p></o:p>
Ben non, je ne suis pas bête ! Tu crois que j’allais te déballer le grand jeu comme ça ? Je ne m’inscrivais pas : le G.O. (gentil organisateur) faisait les groupes des G.M. (gentils membres), et comme je restais finalement le seul sur la touche, je n’avais plus qu’à me faire inscrire dans le groupe dans lequel on t’avait finalement mise.<o:p></o:p>
Hé hé !<o:p></o:p>
Malin comme un indien, le petit sioux !<o:p></o:p>
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Mes parents étaient très étonnés de me voir profiter aussi pleinement des activités proposées. De nature introvertie, je n’étais habituellement jamais trop attiré par les explorations découvertes. Mais là, c’était différent. Il y avait Bérangère et ils ne le savaient pas !<o:p></o:p>
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Personne ne le savait, d’ailleurs. C’était mon petit secret.<o:p></o:p>
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Même toi, tu ne l’as pas su.<o:p></o:p>
Jamais ?<o:p></o:p>
Ben oui. Jamais. J’ai mis presque trente ans avant de savoir parler aux femmes, alors tu te doutes bien qu’à cet âge-là, ce n’était pas encore le moment !<o:p></o:p>
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La dernière fois que je t’ai vue, tu partais en direction du rivage pour faire de la voile avec tes copines.<o:p></o:p>
Tu t’es retournée une fois, pour me lancer un petit adieu pathétique.<o:p></o:p>
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Deux heures plus tard, je quittais le club en emportant dans mes bagages un gros tam-tam, quelques poteries, ma foi, pas si mal réussies, une médaille de bronze de judo gagnée je ne sais pas trop comment et … ce joli souvenir de toi.<o:p></o:p>
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Tu t’appelais Bérangère.<o:p></o:p>
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Avec un regard qui disait : ton amour, Bregman, tu te le ranges et tu gères.<o:p></o:p>
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