Il était une fois un vilain ours qui vivait tout seul dans la forêt.
Ce vilain ours était un peu rustre. Un peu bougon. Un peu de mauvaise humeur, si tu préfères. Pas forcément très méchant… mais TRES bougon !
Quand il se réveillait, le matin, souvent, il était extrêmement énervé. Tu sais pourquoi ? Pourquoi, à ton avis, un ours peut être extrêmement énervé quand il se réveille ? Eh oui ! Parce qu’il a faim !
Donc, un beau matin, le vilain ours mal léché, il se réveille avec la fringale. La fringale, c’est une envie de dévorer tout ce qu’il y a dans le frigo, et même dans tous les supermarchés de toute la région, que ce soit Carrefour, Géant, Intermarché, Super U, Auchan ou je ne sais quoi encore… Il veut TOUT manger, parce qu’il est AFFAME !
Il se dirige vers son frigo, et là, oh ! stupeur et tremblements, le ffffffrigo est VIDE !
Mais attention : quand je dis vide, c’est vide de chez vide ! Pas un pot de confiture, pas un yaourt, pas un fruit, pas… Pas même une olive ! RIEN !
Ouh là là ! Le vilain ours, il se met dans une colère terrible, il prend le frigo entre ses mains, il le soulève par dessus sa tête, et BRAOUM, il le jette sauvagement par terre, tellement fort que ça réveille un petit lapin qui dormait profondément au fond de son terrier, juste à côté de l’arbre d’à côté.
— Calme-toi, l’ours ! se moque le lapin. On dirait que tu te prends pour un dinosaure !
— J’AI FAIM !
— Calme-toi ! Va donc acheter un truc à manger à la boulang…
Le lapin n’a pas le temps de finir sa phrase. Le vilain ours est rouge de colère et il piétine tout sur son passage, tellement qu’il est énervé ! Le lapin a tout juste le temps de regagner le fond de son terrier que, BRAOUM, la grosse patte de l’énergumène s’écrase sur l’entrée !
Le vilain ours est AFFAME !
Qu’est-ce qu’il va bien pouvoir se mettre sous la dent ? Il cherche autour de lui comme un animal enragé… Un arbre ? Va-t-il manger un arbre ? Ah non ! C’est pas bon, les arbres ! Les ours, ça ne mange pas les arbres ! Un rocher ? Ah ben non ! Pas un rocher non plus ! C’est trop dur ! ça casse les dents, les rochers ! Et puis tu connais un dentiste qui voudrait soigner un ours, toi ? Moi, je n’en connais pas, d’autant plus que cet ours-là, il est tellement affamé qu’il pourrait manger un dentiste tout cru avec sa blouse, son fauteuil et sa fraise. Une petite parenthèse : la fraise, c’est un outil qui fait beaucoup de bruit et qui nettoie les dents qu’on ne se lave pas bien avec le dentifrice !
Donc, le vilain ours, qui tourne maintenant en rond comme une toupie qui ne sait pas où aller, il a une idée LU-MI-NEUSE ! Il va rendre visite à son petit r’nard préféré. Un p’tit r’nard très sympathique qui cuisine aussi bien que Rémi, le rat de Ratatouille !
Il traverse la forêt très rapidement, avec des pas qui résonnent dans tout le pays, boum boum boum boum, et hop, ni une ni deux, le voilà sur le palier de la maison du petit renard en question.
Il frappe : toc toc.
— Qu’est-ce que c’est ? répond le p’tit r’nard, d’une voix nasillarde.
Il a l’air énervé aussi, le p’tit r’nard. Je crois qu’il est en train de préparer une sauce pour des lasagnes et il ne sait plus très bien où il en est du point de vue de la quantité de sel qu’il a déjà mis…
— J’AI FAIM ! râle le vilain ours mal léché.
Il est très mal poli, ce vilain ours. Tu as remarqué ? Même pas : « C’est moi ! C’est Vilain Ours ! » Ou encore : « Tu n’aurais pas quelque chose à manger, s’il-te-plaît ? » Non, rien de tout cela :
— J’AI FAIM ! il hurle encore en tambourinant sur la porte.
— Oh ! Hé ! ça va aller, oui ? fait le p’tit r’nard à l’intérieur. Deux minutes, hein ? Ce n’est pas un restaurant hôtel, ici !
C’est vrai, ça ! Ce n’est pas un restaurant hôtel ! Il n’a qu’à attendre, ce vilain ours pas poli, non ? Alors, le vilain ours, il est un peu vexé, mais comme il a faim et qu’il n’a pas d’autre endroit où aller se restaurer, il s’asseoit devant la porte et il attend.
Au bout d’une longue minute de silence (le vilain ours entend son ventre gargouiller), la porte s’ouvre, et le p’tit r’nard, tout joli, tout propre et tout bien coiffé, dit :
— C’est bon. Tu peux entrer !
Le vilain ours se lève d’un bond, il pousse le p’tit r’nard pour se précipiter à l’intérieur, sans même lui dire bonjour, et là :
— HOP HOP HOP ! fait le p’tit r’nard en l’attrapant par une oreille. Le bisou ? Il est où, mon bisou ?
— MMMM… râle le vilain ours. Bisou.
Ah ! Quand même. Ben dis donc, il n’est pas très poli, cet ours-là, pas vrai ?
— Tu peux entrer ! fait le p’tit r’nard. Mais attention : tu t’essuies les pieds, tu te laves les mains, et seulement après, tu peux passer à table.
Le vilain ours s’exécute.
— A table ! s’écrie le p’tit r’nard.
— Hum… fait le vilain ours. Qu’est-ce que ça sent bon ! C’est quoi ?
— Des lasagnes !
— J’adoooore, les lasagnes !
Et, à peine servi, il avale tout ce qu’il y a dans l’assiette, il lèche tout jusqu’à la dernière trace de tomate, et il en redemande :
— Encore !
— Comment on demande ?
— Je voudrais encore des lasagnes, s’il-te-plaît !
Alors le petit renard lui en donne une nouvelle fois, l’ours mange tout, et puis il en redemande et il remange tout à nouveau, et puis encore une fois, et encore une, et il finit tout ce qu’il y a dans le plat, et là, ouf, il se lèche enfin les babines, s’enfonce doucement dans sa chaise, fait un petit rototo pas très poli mais il dit pardon, et il dit :
— C’était TRES bon !
Mais maintenant, c’est l’heure de repartir. Et la nuit tombe tellement vite, dans ce pays où il n’y a rien à manger, que dehors, il fait déjà tout noir, il y a des étoiles plein partout dans le ciel, et brrrrrr, il fait froid, il y a des chauves-souris partout et des chouettes et des loups, et peut-être même des fantômes qui sont cachés derrière les arbres pour faire peur au vilain ours.
Alors le vilain ours, il a peur, et il dit au p’tit r’nard :
— Ah non ! PI-TIE ! Me laisse pas partir tout seul dans la nuit ! J’ai PEUR du noir !
— Ah ben non ! Enfin ! Un grand gaillard comme toi, voyons ! Me dis pas que tu as peur de la nuit, tout de même !
— Ah si si ! Je ne veux pas rentrer tout seul chez moi ! La nuit, il y a des bêtes partout et je suis sûr qu’elles sont méchantes !
Le p’tit r’nard lève les yeux au ciel, d’un air désespéré. Ah là là ! Quel phénomène, ce vilain ours mal léché ! Il veut dormir dans des draps tout propres, oui ! C’est ça, la vraie raison !
Mais le p’tit r’nard est tout de même rudement gentil. Alors il monte à l’étage, prépare un bon petit lit douillet, et bientôt, le vilain ours peut venir se coucher, après avoir bien évidemment lavé ses mains, ses dents, sa bouche, mis son linge sale dans la pannière, fait pipi proprement et essuyé la cuvette si besoin, BREF… Le voilà qui se fait border par son p’tit r’nard préféré, la couette lui remonte jusqu’au menton, et hop, un bisou sur le front, et :
« Bonne nuit, Monsieur Vilain Ours ! »
— Tu pourrais pas me raconter une petite histoire, mon p’tit r’nard ? J’aime bien, les petites histoires, avant de dormir…
— Ah non ! ça suffit ! Tu viens manger chez moi, tu viens dormir chez moi, tu vas encore manger ton petit-déjeuner chez moi… Tu ne crois pas que tu exagères ? Cette fois-ci, tu dors et je ne veux plus t’entendre ! BON-NE NUIT !
Et c’est ainsi que le vilain ours mal léché, il a réussi à dormir chez le p’tit r’nard la première fois ! Bien sûr, il n’a pas été très poli et il a eu beaucoup de chance de tomber sur un petit renard aussi patient, mais au final, il a réussi à se reposer et à se calmer, et il s’est même tellement calmé qu’il s’est rappelé qu’il avait des sous dans son porte-monnaie, et que le lendemain, au moment du réveil, au lieu de s’énerver tout rouge à cause de la fringale, il n’aurait qu’à se rendre chez le boulanger acheter quelques croissants et le problème serait réglé !
Et c’est ainsi que le lundi matin, quand le petit renard s’est réveillé, il a trouvé sur sa table à manger du chocolat chaud déjà servi, des tartines de beurre et de confiture, des croissants et des pains à chocolat à volonté, et aussi du bon bacon bien salé, parce que c’est tout de même rudement bon, le bacon bien salé, quand on a mangé autant de choses aussi sucré, tu crois pas ?
La morale de cette histoire, c’est que ventre affamé n’a point d’oreilles, parce que si le vilain ours avait écouté le lapin du début, il aurait tout de suite su qu’en allant à la boulangerie, il y aurait trouvé tout ce qu’il voulait…
Mais évidemment, s’il était allé à la boulangerie, il ne serait pas allé non plus chez son ami le petit renard, et il ne se serait sans doute pas régalé avec les délicieuses lasagnes.
Il y en a qui disent que, dans la vie, on ne peut pas toujours tout avoir, qu’entre les croissants de la boulangerie, et les lasagnes du petit renard, il faut choisir… Mais c’est des bêtises, tout ça. En fait, il suffit de faire les choses sans s’énerver. La preuve : le vilain ours, c’est en se calmant, qu’il a pu entrer dans la maison du petit renard (le petit renard ne l’aurait pas laissé entré, rappelle-toi, s’il ne s’était pas calmé !) et c’est aussi en se calmant qu’il s’est souvenu qu’il avait des sous pour se rendre à la boulangerie, le lendemain, acheter des croissants…
Voilà. C’est fini.
Rien ne sert de s’énerver ! Ventre affamé n’a point d’oreilles !
Ça t’a plu ?
Maintenant, il faut dormir ! Alors, puisque c’est ton anniversaire et que je suis quand même vachement fier de toi, tellement tu as été sage ces derniers temps, je te laisse écouter une jolie musique que tu connais déjà très bien, et qui te va comme un gant !
Je t’aime, ma Bichounette, et fais de beaux rêves !
silence -> pure coincidence : mon petit renard n'est tout de m? pas aussi parfait que celui-ci ;)mary -> pas de version audio pour la simple et bonne raison que je n'ai pas encore trouv?'h?rgeur de fichier son qui soit gratuit, et ceux qui le sont ne gardent les fichiers qu'un mois :) Donc, voil? Il ne te reste plus qu'?pprendre par coeur le texte :)))