conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme
— Hé, vous ! Vous êtes Bregman ! Charlie Bregman !
— Hein ?
— Ouais, je vous ai reconnu, vous ne pouvez pas le nier, c'est vous, Charlie Bregman ! N'est-ce pas ?
— Puisque vous le dites…
— Vivement l'amour©, c'est vous, je vous connais !
— Vivement la mort©, c'est moi, en effet. Pourquoi ? Vous voulez un stylographe ?
— Oui, je veux un autographe, vous êtes gentil. Pourquoi vous n'écrivez plus ?
— Hein ?
— Vous n'écrivez plus, non ? Sur votre blog, rien, vos publications, rien, Vivement l'amour, c'en est où, toujours pas dans les librairies ?
— Ouais, les libraires n'en ont rien à braire, de l'amour. C'est vulgaire, comme thématique. Maintenant, j'écris sur le désespoir. Les éditeurs adorent ça, le désespoir. C'est très littéraire, comme thématique. Ça fait intelligent, d'avoir l'air lucide sur le malheur, vous savez ? Faudra pas se plaindre que les gens se pendent, c'est tout.
— Moi, j'ai bien aimé Vivement l'amour, ça m'a beaucoup fait rire. C'est vrai que les personnages sont réels ?
— Mais non ! S'ils étaient réels, je les aurais filmés, pardi ! Non, les personnages sont des mutants. Je m'inspire des gens. La tête d'untel avec le corps d'un autre, moi, ça m'amuse, et quand je leur greffe le caractère de X mélangé à celui d'Y, alors là, franchement, c'est l'apothéose. On croit souvent que les écrivains sont des gens chiants, mais faut pas croire, ce sont surtout de grands moqueurs qui ne respectent rien, vous savez ?
— Ah bon ?
— Mais oui, mon brave monsieur, des grands moqueurs qui ne respectent rien. Tenez. Guillaume Musso, par exemple, vous connaissez ?
— Oui, évidemment…
— Évidemment, évidemment, vous en avez de bonnes… Vous ne le connaissez pas si bien que ça et je m'en vais vous en donner la preuve : savez-vous que qu'il se moque de son père pauvre dans tous ses livres et qu'il fait écrire la plupart de ses livres à sa sœur ?
— Non ?
— Puisque je vous le dis !
— Je ne vous crois pas !
— C'est votre droit. Il n'empêche que j'en sais quelque chose puisque sa sœur, c'est ma cousine ?
— Ah bon ?
— Oui.
— Mais alors, Guillaume Musso et vous, vous êtes cousins ?
— Pour ainsi dire, oui.
— !!!
— Oui, je sais, le talent est de famille, c'est ça ? On nous l'a assez dit, vous savez ?
— Mais alors pourquoi il écrit tous les ans un nouveau roman, lui ?
— Parce que je n'écris plus, justement.
— Je ne comprends pas.
— Oh, c'est simple : essayez d'écrire un livre et vous comprendrez. Pour que Guillaume publie un titre par an, il lui faut quelques scribouillards dont je fais partie. N'allez pas dire que c'est moi qui lui écris ses textes, ce n'est pas tout à fait ça, mais un peu quand même. Il arrive que le comité de lecture en conserve malgré tout de bonnes tranches…
— Dites-moi que ce n'est pas vrai ! Vous me sabrez ma journée, là ! Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible, n'est-ce pas ?
— Bon, allez, soyez tranquille, tout ça n'est qu'une blague. Vous pouvez lire Guillaume Musso les yeux fermés !
— Ah ! Je suis soulagé.
— Vous m'en voyez ravi.
— Mais… Pourquoi vous n'écrivez pas, alors ?
— C'est tout simple : quand on écrit, on a de l'influence sur le moral des gens. et moi, actuellement, mon écriture, c'est un crime contre l'humanité. Donc… voilà.
— Un crime contre l'humanité ?
— Oui. Un crime contre je tu il nous vous ils. L'humanité. La conjugaison avec un trait sur le passé, et plus d'avenir du tout. Le genre de présent qu'un éditeur ne fait pas à ses lecteurs, en quelque sorte.