conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme
Ce matin, dans notre boîte à mails, nous avions tous un petit message de la part de notre grand patron.
Titre du message : conjoncture économique.
Contenu du message : « Bonjour, vous voudrez bien prendre note d'une réunion générale de l'agence ce vendredi 13 à 16h30. »
Notre agence étant constituée de vingt personnes et les nouvelles affaires ne se bousculant pas au portillon depuis le dernier trimestre 2008, chacun y est allé de ses divagations les plus extravagantes et la palme a été décernée à notre grand Rastapopoulos national qui a immédiatement vu là un signe extraordinaire de la fin de notre destinée au sein de l’agence, étant donné :
1) la date choisie : un vendredi 13
2) toujours la date choisie : le jour de la finale de Koh Lanta
3) le fait que le jeu de Koh Lanta représente exactement les comportements humains dans la réalité du monde du travail
En conclusion, vendredi, sans Denis Brognard, nous allons être appelés chacun notre tour à glisser le nom de celui ou celle que nous souhaitons voir éliminé(e) dans une urne prévue à cet effet.
Pour ma part, comme je ne suis pas un garçon comme les autres, j’ai pris l’initiative d’écrire une petite lettre à l’attention du patron.
Opération lettre ouverte ?
Allons-y gaiement et mettons le champagne au frais !
« Etant donné les divagations diverses des uns et des autres suite à votre mail d’hier matin (pourquoi cette réunion de vendredi, quelle sera la sentence, etc.), je tiens à vous faire part d’une information qui, je l’espère, vous permettra de minimiser l’impact de vos décisions sur les différents membres du personnel.
« En ce qui me concerne, non seulement je fais partie des derniers arrivés dans l’entreprise, mais je traverse depuis quelques temps une crise « existentielle » qui me fait dire que je ne suis pas à ma place dans ma situation professionnelle actuelle.
D’un tempérament assez actif (je sais, ça ne se voit pas), je suis quelqu’un qui aime les défis, la créativité et le changement. Or, mon travail de dessinateur ne correspond pas à ces attentes, et s’il m’a permis, durant ces dix dernières années, de me bâtir la situation familiale que je désirais, il m’apporte aujourd’hui davantage de frustrations que de plaisir.
Par conséquent, je pense être aujourd’hui dans une direction qui n’est pas la bonne pour moi, et je pense d’ailleurs activement à une reconversion dans un domaine plus créatif — dont il serait encore trop prématuré de parler ici.
« Aussi, je dépose ma « candidature » pour un licenciement dans les semaines ou les mois qui viennent, selon vos impératifs de trésorerie.
« Mon poste se situe en bout de chaîne de dessin (plans d’exe) et bien que je n’ai jamais été aussi chargé que ces dernières semaines, je pense qu’il s’agit du premier poste à supprimer au sein du bureau d’études.
Je vous propose de terminer au moins mon travail de DCE-EXE pour le projet de blablabla, ainsi que tout le dossier de coupes et de détails EXE concernant la Villa Bidule, et suis même disposé à effectuer des heures supplémentaires — dès le moment où elles me seront payées — pour soulager nos retards sur cette dernière opération.
« Au cas où vous seriez déjà arrivé à la même conclusion que moi, j’espère que celle-ci suffira à préserver le maintien du reste de l’effectif.
Je reste bien évidemment à votre disposition pour tout renseignement complémentaire,
Charlie Bregman »
La suite : La réunion des solitudes