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Parce que sa vitesse de fonte a doublé en dix ans et qu'il avance deux fois plus vite vers la mer - plus de 12 km par an en 2005 contre 6 km en 1996 -, le glacier d'Ilulissat (Jakobson pour les Danois) est devenu le grand témoin du dérèglement climatique au pôle nord et un appel vibrant, in situ, à mobiliser les énergies planétaires pour en limiter l'ampleur.
Classé au patrimoine mondial de l'humanité en 2004, ce glacier parmi les plus actifs au monde s'écoule vers la mer après un errance de près de 12 km jusqu'au rivage, rétrécissant d'autant l'inlandsis groenlandais, l'unique calotte glaciaire de l'hémisphère nord, longue de 1000 km sur 3 km d'épaisseur.
"Un gigantesque distributeur de glaçons", commente lundi le ministre français du Développement durable Jean-Louis Borloo, en pèlerinage au-dessus du glacier avec une délégation d'experts, de parlementaires et de personnalités, de Maud Fontenoy à Bixente Lizarazu ou Jean-Louis Etienne.
"En 1996, le glacier lâchait 27 km3 d'eau par an, aujourd'hui c'est 50 km3 de glace qui filent à la mer. On ne peut déjà plus arrêter le mouvement, mais on a toutes les raisons de tout faire pour maintenir les températures de la planète proches de leur niveau actuel", explique le climatologue français Jean Jouzel, l'une des éminences du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), qui l'escorte.
Pour le ministre, qui se prépare aux grandes négociations à venir sur la lutte contre le changement climatique, quand la France présidera l'Union européenne à partir de juillet 2008 et qu'il faudra décider de l'avenir du protocole de Kyoto, la visite à 220 km au nord du cercle polaire tient de la conférence en plein air.
Et vaut bien, justifie-t-il, les 7.000 km aller-retour en avion depuis Paris et les 65 t de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre - qui seront compensées par un projet hydraulique au Mexique -.
"Tout a déjà été dit, montré, filmé et alors: il faut rester chez soi ? Chaque fois que je sors de mon bureau, j'apprends un truc". Et ce qu'il constate, ajoute-t-il, c'est que "pour l'instant, on va plutôt vers la défaite que vers la victoire".
Raison de plus, insiste Jean Jouzel, pour défendre dans l'arène mondiale la conviction européenne selon laquelle il faut impérativement réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement planétaire à 2°C supplémentaires d'ici 2100 par rapport aux niveaux pré-industriels.
"Depuis 30 ans, la température monte deux fois plus vite aux pôles, ce qui signifie que pour 2°C de plus en moyenne, on aurait une hausse probable de 4°C ici. Soit une hausse d'un mètre du niveau des océans d'ici 2100".
Le dernier rapport scientifique du Giec, publié en janvier 2007 à Paris, prévoit une hausse du niveau des océans de 50 cm d'ici 2100 "pour un scénario un peu rapide", indique Edouard Bard, du Collège de France, spécialiste de l'évolution du climat et des océans. "Mais c'est sans tenir compte de phénomènes additionnels, comme la fonte du Groenland".
Pour l'heure, le Groenland, la plus grande des îles arctiques, grande comme quatre fois la France, ne contribue que de 15% à la montée des océans, mais personne ne peut dire quelle sera son évolution, souligne le climatologue Hervé Le Treut. "Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de mécanismes de retour en arrière et on est à peu près certains que ça va continuer à augmenter".