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conscience de soi et compréhension des relations humaines, écriture, accompagnement, coaching, nouveau paradigme

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À quel éditeur faut-il envoyer son manuscrit

[Nota : Ce post est un extrait de mon nouvel ouvrage ÉCRIS TON LIVRE !]
 

Selon un sondage de l’Ifop, réalisé en février 2013 auprès d’un échantillon d’un peu plus de mille personnes représentatives de la population française et âgées de 15 ans et plus, 17% des Français (et notamment des plus de 65 ans) déclarent être l’auteur d’un manuscrit. Bien qu’une grande partie semble correspondre à des écrits de jeunesse (28% des 15 à 24 ans seraient des auteurs en herbe), ce phénomène touche néanmoins toutes les tranches d’âge.

Sur l’ensemble de ces auteurs inconnus (près de 9 millions de personnes si on se fie au sondage précédent), seulement un quart environ (soit plus de 2 millions de personnes) souhaiteraient publier leur ouvrage.

manuscrits éditeur

Sachant que 76 205 nouveaux livres ont été publiés en France en 2012 (source BNF, entrées au dépôt légal des livres), soit une moyenne de 9 livres publiés toutes les heures, on pourrait rapidement se laisser croire que la sélection des éditeurs n’est pas aussi sévère qu’on nous le dit, et que la réelle difficulté des auteurs ne serait « que » de pouvoir se démarquer de tout ce flot culturel, par exemple en embrassant le succès dès le cours laps de temps, accordé par les libraires, avant renvoi des livres invendus au pilon.

Cependant, la difficulté de faire connaître son ouvrage commence hélas bien avant l’arrivée en librairie. En effet, certaines estimations n’hésitent pas à faire état de 500 000 ouvrages qui seraient refusés chaque année par les maisons d’édition, et pour illustrer cette réalité, nombreux sont les exemples montrant que même pour certains écrivains de renommée aujourd’hui incontestable, rien ne semblait pourtant gagné au départ :

-      En 1912, André Gide, pour le compte de la maison Gallimard, ouvre le manuscrit Du côté de chez Swann et tombe sur une interminable description d’une infusion de tilleul, puis quelques pages plus loin sur une certaine « tante Léonie » qui semble avoir des vertèbres sur le front : on retourne poliment le texte à Marcel Proust… qui aura alors recours à l’édition à compte d’auteur pour publier ce premier volet de son œuvre À la recherche du temps perdu

proust-refusé

-      En 1932, Gallimard (encore) conseille à Louis-Ferdinand Céline d’élaguer le texte de Voyage au bout de la nuit, « écrit par moments en français argotique un peu exaspérant »

-      En 1938, la fiche de lecture du même Gallimard (mais rassurez-vous, d’autres maisons ont commis des impairs tout aussi désastreux), au sujet d’un certain Julien Gracq, fait référence à « des phrases entortillées » et un « texte terriblement ennuyeux et inutile »

-      Plus récemment, pour son premier roman Les Fourmis, Bernard Werber, qui est aujourd’hui l’un des auteurs français les plus lus au monde, a dû renvoyer son manuscrit pendant 6 ans à des éditeurs et a reçu trois lettres de refus de la part de son éditeur actuel Albin Michel) avant d’être publié en 1991

-    outre-Manche, J. K. Rowling a vu le manuscrit de Harry Potter à l’école des sorciers refusé par douze éditeurs avant que la maison d’édition américaine Scholastic, consultée par son agent, se décide à en acheter les droits en 1997

-      retour en France avec Anna Gavalda, qui a essuyé une dizaine de refus avant que le Dilettante accepte de publier, en 1999, son premier recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part… aujourd’hui traduit en 27 langues

-      etc. (les exemples se ramassent à la pelle)

anna gavalda

Pour mieux comprendre comment ces terribles bévues éditoriales sont encore possibles, il faut savoir que :

-      GALLIMARD reçoit, tous auteurs confondus, près de 6000 manuscrits par an (contre 4500 en 1999)

-      LE SEUIL : 5000 manuscrits

-      ROBERT LAFFONT et FAYARD : 4000 manuscrits chacun

-      GRASSET et POL : 3000 minimum

Face à ces quantités phénoménales d’écrits de qualités inégales, il paraît évident que séparer le bon grain de l’ivraie n’est pas une mince affaire. Cette tâche plutôt ardue, confiée aux fameux comités de lecture constitués de professeurs de français à la retraite, de stagiaires ou d’autres lecteurs passionnés, est donc loin de constituer une sélection qui ne laissera rien passer entre les mailles du filet.

manuscrit refusé

Supposons que votre premier manuscrit soit aujourd’hui terminé et que vous vous retrouviez maintenant face à votre désir de le faire publier.

L’erreur du débutant consiste à vouloir consulter les grands éditeurs en premier, puis à se rabattre sur des maisons de moins en moins prestigieuses et connues dans un deuxième temps. En effet, nombreux sont celles et ceux qui envoient leur manuscrit à la grande maison parisienne dont ils rêvent, un peu comme on remplirait, plein d’entrain, une grille pour la super cagnotte de l’Euro Millions. Mais cette démarche est malheureusement inadaptée en terme de cible.

Il y a actuellement, en France, environ 10 000 éditeurs. Parmi eux, une vingtaine seulement sont considérés comme étant des grandes maisons (comportant un catalogue de plus de 5000 titres chacune). À l’opposé, la moitié de ces 10 000 éditeurs ne sont que de petites structures qui ne possèdent pas plus de 10 ouvrages à leur actif, et 70% du chiffre d’affaires de l’édition est d’ailleurs réalisé par seulement 10% des éditeurs.

À ces chiffres, il faut ajouter que même si les librairies sont aujourd’hui littéralement inondées de nouveaux livres, l’envers du décor est que l’on publie de moins en moins de premiers romans. Depuis 2006, les statistiques indiquent une chute supérieure à 40%. Pour la rentrée 2013, parmi les grands éditeurs, seuls Mercure de France, Denoël, et Robert Laffont peuvent se glorifier de pouvoir présenter plusieurs premiers romans (deux chacun, pour être précis), derrière Gallimard qui continue de montrer le bon exemple avec trois premiers romans comme l’année précédente (source : relevé annuel Livres Hebdo).

Que chaque nouvel auteur, inconnu et en quête d’éditeur, garde cela en mémoire : dans une grande maison d’édition, il n’y aura qu’une ou deux places réservées, chaque année, à un manuscrit comme le sien ! De quoi remettre tout de suite les pieds sur terre, n’est-ce pas ? C’est injuste, c’est trop peu, c’est fichu d’avance, comme vous voulez, mais le monde est ainsi fait, et le premier ouvrage d’un inconnu a intérêt à valoir vraiment le coup pour que l’on daigne sortir l’artillerie lourde pour le défendre.

bernard-pivot

L’explication à cette « injustice » est pourtant très simple : en moyenne, un premier roman ne se vend qu’à 700 exemplaires, ce qui est bien trop insuffisant pour qu’un éditeur puisse amortir son investissement, non pas matériel (car les coûts de l’impression restent très raisonnables) mais surtout publicitaire, ce qui s’avère beaucoup plus lourd en terme de temps et d’énergie. Les représentants et attachés de presse préfèrent donc focaliser leurs efforts sur des auteurs déjà confirmés, pour lesquels un minimum de ventes est déjà assuré, même si plusieurs exemples ont déjà démontré qu’un éditeur pouvait néanmoins très bien faire un bon coup en pariant sur un nouveau poulain : Jonathan Littell s’est vu décerner le Goncourt et le grand prix du roman de l’Académie française en 2006 avec Les Bienveillantes, Alexis Jenni a décroché le Goncourt également, en 2011, avec son premier roman L’Art français de la guerre… Mais comme ces exploits demeurent trop rares, les grandes maisons continuent de se préoccuper des auteurs déjà établis, tandis que les petits éditeurs font tout le travail pour s’efforcer de découvrir de nouveaux talents.

Par conséquent, puisqu’un auteur inconnu a statistiquement moins de chance d’être sélectionné par une grande maison qu’en s’adressant à une petite structure, adressez d’abord vos manuscrits à de petits éditeurs !

 

Ensuite, ce qu’il faut savoir, c’est que chaque éditeur a un peu sa propre spécialité, ses propres goûts, qu’il revient à vous de repérer. Ne piochez pas au hasard dans une liste de 10 000 adresses : allez en librairie, repérez les maisons qui publient des ouvrages similaires aux vôtres, utilisez Internet, explorez les catalogues en ligne lorsqu’ils existent… Bref, comme dans n’importe quelle type de relation, intéressez-vous davantage à l’autre qu’à votre propre nombril. Certes, vous pouvez être fier d’avoir écrit un chef d’œuvre ; certes, son originalité vous met bien en peine pour lui attribuer l’étiquette qui lui correspond le plus ; certes, le monde entier doit absolument se délecter de cette perle rare et se précipiter à votre encontre pour vous demander de signer des autographes… mais de grâce, chaque année voit la naissance de centaines d’auteurs de votre trempe, et rares sont ceux dont on se souvient ne serait-ce que cinq ans plus tard, ce qui tendrait à prouver qu’il serait beaucoup plus adapté de se calmer, de respirer un grand coup, de prendre des vacances et du recul pendant quelques mois, de donner son manuscrit à lire à des lecteurs réellement objectifs, et de ne pas prendre le premier éditeur venu pour un serviteur dont le devoir est avant tout de vous faire connaître.

Cet éditeur, dès lors qu’il ne vous propose pas de participer aux frais pour vous publier, est un passionné. Il aime les livres, il aime les auteurs, il a ses propres opinions et ses propres goûts. N’envoyez pas de poésies à celui qui ne publie que de la science-fiction, ni de polars à un éditeur d’essais philosophiques, et encore moins de livres érotiques à un spécialiste de contes pour enfants. Faites votre sélection, faites vos jeux… et rien ne va plus. Les dés sont lancés !

j-k-rowling

--> C'est ce que vous avez fait et on a refusé votre manuscrit ?

Avec Écris ton livre !, mon nouveau livre de coaching à l'écriture, vous saurez comment réagir, comment retravailler votre manuscrit et comment mener votre projet à son terme pour passer au stade de la publication.

Reprenez le clavier en main et réécrivez correctement les premières pages de votre changement de vie.

couv ETL 20140626

 

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L
Bonjour,<br /> Que pensez-vous de la crédibilité des éditions L'Harmattan? Ont-ils accès aux chroniques des médias pour leur auteurs ? Merci pour vos avis.
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B
Bonjour, je n'ai pas de moyen de contacter cette personne. J'espère qu'elle verra votre commentaire.<br /> Il est évident que la diffusion est le grand atout des maisons d'édition. Donc celles qui ne maîtrisent pas ce point ne présentent aucun intérêt autre que celui de pouvoir se glorifier d'avoir été "sélectionné(e)".<br /> Un point commun à tous les auteurs qui se sont retrouvé(e)s dans votre cas à un moment ou à un autre : 100% d'entre eux ne se sont jamais découragés ;-)<br /> Donc continuez d'écrire et vouloir partager le meilleur avec vos lecteurs ! Bonne chance à vous.
Répondre
B
Bonjour<br /> Après avoir publié à compte d'éditeur une douzaine d'ouvrages divers (romans,biographies,nouvelles et polars) je me retrouve au pied du mur et aussi désemparée qu'une débutante. J'avais fait l'inverse de la plupart des écrivains en herbe et  envoyé mon premier manuscrit à une grande maison d'édition de province. Après 3 mois d'attente, l'éditrice m'avait appelée pour me proposer un contrat. Ce fut pour moi une période faste qui a duré près de dix ans ! Dans l'intervalle, j'ai aussi publié chez d'autres éditeurs de province plus confidentiels mais honnêtes.<br /> Puis, en 2015, l'horreur : mon éditeur principal a eu de gros soucis financiers, il voulait toujours me publier, mais la diffusion était catastrophique, j'ai donc rompu avec lui. C'est affreusement dur quand on a eu un lectorat fidèle, de bons tirages (autour de 3000 exemplaires), des rééditions en poche et un énième contrat sur la table qu'il faut déchirer car la collaboration avec l'éditeur était devenue une voie sans issue.<br /> Il m'a donc fallu tout recommencer à zéro, comme une bleusaille. Pire : mon dernier manuscrit était horrible, j'ai mis près de 2 ans à le réécrire de fond en comble. Je suis hyper critique vis-à-vis de mes textes, ça aide. Cette fois, je l'ai envoyé à un éditeur parisien il y a 3 mois. L'absence de réponse à ce jour est bon signe et j'espère que mon texte et mon expérience sauront attirer l'attention du comité de lecture.<br /> Mon message veut simplement mettre les aspirants écrivains en garde : rien n'est gagné, pas même quand vous signez un contrat d'édition classique (12 pages tapées serré :)), bien au contraire. L'éditeur doit suivre et vous aussi.<br /> Remettez-vous en questions chaque fois que votre manuscrit est refusé. Il doit certainement y avoir une raison. Ne faites surtout pas l'erreur de vous croire supérieur à un Marc Lévy que vous trouvez sans doute nullissime. On s'en fiche ! Trouvez votre style et cramponnez-vous-y.<br /> Contrairement à la téléréalité, l'édition ne rigole pas, ne pardonne aucun à-peu-près ni amateurisme. Sachez qu'on vous juge sur la première page. Si c'est bourré de fautes, maladroit et aussi plein de clichés que des trous dans un gruyère, vous avez déjà perdu. Ne fignolez pas le début du manuscrit dans l'espoir de franchir le barrage du premier tri, soyez parfaits du début à la fin, pesez chaque mot, réapprenez à savourer les beautés de la langue française, en dépit des galvalderies et autres nothombologies qui fleurissent dans les bacs des libraires. Soyez celui ou celle qui fera le bonheur du comité de lecture. Soyez cette plume rare qui tourne le dos au conformisme blabla, à l'autofiction poussive, au discours sous antidépresseurs. C'est là tout le mal que je vous souhaite.    <br /> Bon courage à tous ! 
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E
Merci pour votre article. Je suis auteur et j'ai décidé de mettre chaque manuscrit dans le fond de mon tiroir. Pour le remerciement que j'en ai...1200 heures d'écriture , fini de gaspiller de l'argent dans les frais d'envoi pour l'assistant de l'assistant...du comité de lecture. Trop bon ne s'écrit pas avec un c.
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B
Bonjour Michel et merci pour votre commentaire. Effectivement, 3 à 4 semaines, cela me paraît un peu court. Avec les grandes maisons, sauf si le manuscrit ne passe pas la première ligne de sélection (à la réception du manuscrit, on lit le début, et éventuellement la fin quelques passages au hasard pour se faire une idée), un comité de lecture ne rend généralement pas réponse avant 2 mois 1/2 ou 3 mois.<br /> Comme je l'ai déjà expliqué en commentaire ci-dessus, personnellement, je me méfie des maisons qui pratiquent le compte d'auteur. Ces gens-là profitent beaucoup de la naïveté, voire parfois de l'orgueil des auteurs (car il y a qqch de prestigieux à avoir un nom d'éditeur sur une couverture). Je pense que si l'on cherche effectivement une visibilité en librairie, aujourd'hui, c'est très difficile de se passer d'un éditeur (un bon). Pour le reste, on peut d'abord conquérir un lectorat grâce aux opportunités proposées par Internet (plateformes de publication gratuite, autoédition et format numériqur, blogs, etc.) pour ensuite aller frapper à la porte d'un éditeur avec le gros avantage de ne plus être un "simple inconnu" ;-)<br />  
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